Octopolis

Maquettes. Exposition Centre d’art contemporain Pontmain, 2022.

À la mi-mars 2020, un nouveau mot fait une irruption fracassante dans notre vocabulaire et notre quotidien, celui de “confinement”. Pour continuer son activité artistique, Sarah Lück entame une série de maquettes présentées à l’étage du centre d’art : sur huit socles en ciment, l’artiste installe ses petits mondes miniatures avec le désir d’y plonger, de s’y évader.

En parallèle, elle découvre l’existence d’une ville baptisée Octopolis par une équipe internationale de chercheurs qui exploraient la baie de Jervis, au large des côtes est de l’Australie. Située entre 10 et 15 mètres sous la mer, mesurant 18 mètres de long sur 4 de large, cette ville a été construite par des poulpes : elle possède des murs et même des tanières sous-marines érigés avec du sable et des coquillages, probablement les restes d’anciens repas. Autre donnée étonnante : les pieuvres d’Octlantis vivent réellement ensemble. Elles se regroupent, communiquent, et se battent pour chasser d’autres pieuvres tentant de s’emparer de leur habitat.

L’imaginaire de cette ville de poulpes est venu se mêler aux maquettes de Sarah Lück : toutes différentes, ces huit micro-cités arborent parfois des allures constructiviste, parfois minimales, parfois elles ressemblent plutôt à un playground, une aire de jeu aux accessoires étranges. Le verre y croise le béton, le balsa, le plexiglas, le carton et le plâtre. Enfin, nouveauté du confinement, la sculpture en taille directe sur bois de tilleul et sur pierre fait irruption dans la pratique de l’artiste.

Eva Prouteau, critique d’art. Extrait du texte d’exposition Centre d’art contemporain Pontmain, 2022.